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Un image qui embarrasse bien la Nasa... derrière le module lunaire, certains croient discerner une structure. Et si la mission Appollo 11 avait été réalisée dans un décor et non sur la lune ?
Photo : Nasa
À qui profite le crime ?
Les légendes urbaines sont la création d’une puissance occulte

On appelle "légendes urbaines" les rumeurs populaires diverses : les téléphones portables dont les ondes permettent de cuire un œuf, les alligators qui pullulent dans les égoûts, les mygales qui pondent dans les yukas et autres tarentules des cactus, la traite des blanches organisée depuis les cabines d’essayage des boutiques d’Orléans, les bases militaires secrètes, etc.
L’excellent site hoaxbuster.com en donne de nombreux exemples.
Trop peu et trop mal étudiées, les légendes urbaines sont un sujet que l’on aurait tort de prendre à la légère. En effet, elles peuvent - ça s’est déjà vu - provoquer des vents de panique, lancer des guerres ou initier des révolutions. Et une fois l’agitation oubliée, une fois la rumeur démentie, il en reste toujours un petit quelque chose, un « y’a pas de fumée sans feu » qui peut durablement causer du tort à des personnes, des institutions, des villes, des peuples... Et ce d’autant plus facilement que, effectivement, il n’y a généralement pas de fumée sans feu et ces rumeurs ont un fond de vérité. Prenons pour exemple l’affaire du chien brésilien. Un couple de vacanciers ramène du Brésil un chien très étrange, affectueux, mais qui cause un énorme stress au chat ; Après une bagarre sanglante entre le chien et le chat, le couple consulte un vétérinaire qui leur demande où ils ont trouvé ce chien et qui finit par leur dire : « ce n’est pas un chien. C’est un rat ! ». Eh bien cette histoire, qui est le prototype même de la légende urbaine, est arrivée à quelqu’un qui connait quelqu’un avec qui un de mes amis a travaillé. La rumeur rencontre donc parfois la vérité.

Mesurant la puissance des légendes urbaines, une équipe de chercheurs a voulu aller plus loin et s’est posée la vraie question : à qui profite le crime ? Qui tire les ficelles ? Il a fallu une enquête des plus rigoureuses pour mettre à mal l’hypothèse généralement admise de la "génération spontanée". Des philologues, des linguistes, des médiologues et des sémioticiens se sont associés dans une vaste collecte d’informations, avec pour but d’identifier des sources historiques ou géographiques partagées aux légendes urbaines.
Leur premier constat est que la plupart, si ce n’est l’intégralité de ces rumeurs ont des caractéristiques communes troublantes. On y trouve notamment une idéologie qu’il faut bien qualifier de xénophobe. « Dans les légendes urbaines, la menace vient bien souvent de l’étranger, de l’inconnu, du bizarre : ce sont les moyen-orientaux qui enlèvent les orléanaises, le voisin qui empoisonne l’eau, les chinois qui trafiquent des cadavres, les insectes venimeux qui viennent des tropiques, les handicapés mentaux lubriques, sans oublier les menaces extra-terrestres » explique le professeur Mertens. Une seconde caractéristique de ces légendes urbaines est que la vérité qu’elles prétendent dévoiler se trouve toujours sciemment dissimulée : on nous cache tout, on ne nous dit rien. Cet élément est très important dans le système de propagation des rumeurs : même sans les croire tout à fait soi-même, on ne peut se retenir de les faire partager à d’autres, comme si on leur faisait des révélations inédites. Enfin, ces rumeurs sont généralement propres à plonger celui qui les entend dans un certain effroi... Animaux dangereux, crimes crapuleux, mœurs sexuelles répugnantes, histoires affreuses "qui peuvent arriver à tout le monde", cynisme politique extrême (lorsque l’on raconte par exemple que les attentats du 11 septembre 2001 sont une manœuvre du gouvernement américain) ou au contraire, choc des cultures (lorsque l’on a dit que Marie-Antoinette conseillait de manger de la brioche à ceux qui réclamaient du pain).
Il existe par ailleurs un tronc commun de structures littéraires aux rumeurs. Généralement ces informations reposent sur ce qu’un linguiste qualifie de « rhétorique paradoxiste effrayante et vertigineuse » : invisible->mortel, sympathique->abominable, insoupçonnable->meurtrier, nourriture->poison, gestes quotidiens->destin extraordinaire, etc. L’histoire racontée commence par l’induction de particularités qui semblent prendre un sens à la fin de l’histoire, notamment le caractère exogène ou remarquable de l’élément effrayant. Comme si l’histoire devenait encore plus effrayante lorsqu’elle confirme une méfiance instinctive a-priori : le gitan, l’iranien, le manchot, l’habitant des cités, le milliardaire, le chinois, la plante bizarre, se révèlent au final avoir été des menaces véritables, état qui a pour effet de déculpabiliser complètement le sujet-cible de l’histoire qui a brièvement eu honte de se méfier ou de penser du mal de l’étrange, de l’étranger, de l’anomalie, de ce qui sortait de l’ordinaire, et qui voit finalement son premier réflexe hostile miraculeusement transformé a posteriori en une clairvoyante intuition, et ceci sans aucun rapport avec une quelconque réalité puisque c’est une fiction qui provoque cet effet libérateur.

Un effet en apparence aussi terrible aurait pu émaner de groupuscules néo-fascistes, dont l’action et l’idéologie se nourrit du genre de haine de l’autre que véhiculent les légendes urbaines. « C’était notre première hypothèse de travail... » explique le professeur Hardy « ...mais nous l’avons vite abandonnée car ces groupes sont tout à fait incapables de telles manœuvres : ils ne sont pas très calculateurs et sont les premiers à croire ces rumeurs, leur stupidité est d’une profondeur abyssale ; En revanche ils sont d’excellents véhicules de propagation des légendes urbaines, d’autant plus redoutables qu’ils ignorent servir un but qui ne leur appartient pas ».
Ensuite, l’équipe de chercheurs s’est intéressée aux rumeurologues, c’est à dire aux scientifiques qui étudient le phénomène et qui, à leur tour, propagent les légendes urbaines en les exposant, en les analysant, en les décortiquant. « C’est un grave problème déontologique... » explique un chercheur sous couvert d’anonymat « ...nous alertons les autorités et le public, mais dans le même temps nous faisons de la publicité à ces rumeurs ». Là encore, bien qu’ils soient un des premiers vecteurs de propagation des rumeurs, les rumeurologues ne sont pas les créateurs des légendes urbaines. « Ils dépensent une énergie considérable à démonter les rumeurs, ils pourraient difficilement en être les auteurs » explique un autre chercheur.
Reste une seule hypothèse plausible : les auteurs des légendes urbaines appartiennent à une conjuration internationale de services secrets très au fait des techniques de manipulation mentale, qui poussent les citoyens de partout à se méfier d’autrui afin de cristalliser chaque "identité nationale" (qui se définit par le rejet des autres) et afin de conserver le pouvoir sur eux. Le sentiment tout à la fois libérateur et anxiogène induit par le mode opératoire des rumeurs, au niveau cognitif/neurologique, pousse par ailleurs le sujet à se réfugier dans la consommation de biens, et donc à assurer la prospérité de ceux qui le dirigent.


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Regis G. Curge
enseignant au Masachussets Institute of Theology (MIT), il a publié un certain nombres d’ouvrages couvrant des domaines divers. Il vit à Chicago avec son épouse Linda, ses trois enfants Pamela, Pym et Pouneh. Il a un chat, Tiger.


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