Un marché à conquérir pour l’industrie du tabac : les enfants.
Photo : Domaine public (U.S. Printing Co., Russell-Morgan Print., Cincinnati & New York. 1900)

Dès aujourd’hui, le premier janvier 2008, il est interdit de fumer dans les lieux de convivialité divers : casinos, cercles de jeu, discothèques, cafés, bars-tabac et hôtels. C’est un coup de massue supplémentaire qui est asséné aux fumeurs et aux débitants de tabac. L’industrie cigarettière pense pourtant que les solutions actuelles sont inappropriées aux problèmes de santé publique que pose le tabagisme.
Retour sur une polémique dont on n’a pas fini d’entendre parler.

Le président du syndicat des débitants de produits manufacturés dérivés du tabac, Charles Pimpe, ne mâche pas ses mots : « On veut nous faire porter le chapeau ! ». Face aux associations qui pointent les dangers du tabagisme, il voit rouge : « Le problème est posé à l’envers ! À l’envers ! ». En effet, de nombreuses études l’ont démontré, c’est le tabagisme dit « passif » qui est dangereux et non le fait d’inhaler volontairement la fumée.
Tout cela a été démontré dès les années 1980 par l’Institut für Biologische Forschung (Allemagne) à qui la société Philips Morris, toujours soucieuse du bien-être de ses clients, avait commandé une étude allant dans ce sens. Selon cette étude, ce sont bien les non-fumeurs qui courent le plus de risques sanitaires liés à la fumée de la cigarette. L’Institute for Science and Health, une organisation indépendante financée par Philips Morris elle aussi est arrivée aux mêmes conclusions et cela n’est sans doute pas une coïncidence, puisque comme le dit le proverbe, il n’y a pas de fumée sans feu. Les résultats obtenus il y a vingt ans avaient d’abord été un peu minimisés, voire occultés, afin de ne pas inquiéter le public — car ainsi que le démontre une autre étude que nous publierons ultérieurement, la première cause du cancer est la peur du cancer. Mais ce n’est qu’aujourd’hui, avec les progrès de la science et du marketing que la conclusion que l’on peut tirer de ces résultats apparaît clairement : ne pas fumer tue. Ne pas fumer est dangereux. Ne pas fumer est, osons le mot, irresponsable.
« Dans un monde idéal, personne ne fumerait » explique le docteur Fred Thummer. « Mais nous ne sommes pas dans un monde idéal, ce monde est un monde de fumeurs et il convient d’en tenir compte ».
Les fumeurs dits « passifs » sont, comme le montre une publicité récente, du mauvais côté de la cigarette : à eux la respiration sifflante, les bronchites à répétition, les toux chroniques et l’asthme.
Ils subissent les fumées toxiques de la cigarette mais ne bénéficient pas du baume protecteur dont les goudrons issus du tabac tapissent les bronches des fumeurs, ni de la stimulation issue de la nicotine.

Pour un peu, on décernerait le Prix Nobel de médecine à Edward Bernays, le formidable publicitaire qui a eu l’idée, au début du siècle, d’appliquer les découvertes de son oncle Sigmund Freud à la publicité dans le but d’amener les femmes au tabagisme, avec le succès que l’on sait.
On attend avec impatience que ses successeurs conquièrent le marché qui résiste le plus à la cigarette aujourd’hui : les enfants de moins de dix ans. Des ingénieurs de l’industrie du tabac cherchent aussi un moyen technique sûr et efficace qui permettrait de faire fumer les bébés.

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